
Dans cet article, comme dirait Monet « ce que je ferais, ce sera l’ impression de ce que j’aurai ressenti« . Avec notre stylo, que dis-je notre clavier, nous avions envie de vous dépeindre ce changement de continent.
Débarquer en Asie depuis la France était un chamboulement mais quitter l’Asie après des mois et atterir en Nouvelle-Zélande était également un choc. Que s’est il passé dans nos têtes de touristes désorientés? Comment nous sommes nous (ré)habitués à cette toute autre réalité?

« Je me mettrais bien une petite laine »
Le thermomètre affichait vingt degrés lorsque notre avion au départ de Bangkok s’est posé sur le tarmac de l’aéroport d’Auckland. Une fois que nous avons pu mettre le nez dehors, nos aisselles étaient sens dessus dessous. Quoi? On peut se tenir dehors, debout, sans suer à grosses gouttes et se dissoudre dans une chaleur tropicale? Plutôt agréable de ne plus suffoquer, nous avions presque oublié cette sensation! Regarde, on peut même lever nos bras, faire des mouvements sans avoir l’impression d’avoir effectué un 400 mètres haies.
Mais force est de constater que quelques heures plus tard, nous nous sentions glacés, gelés, comme propulsés au milieu des ours polaires simplement vêtus de slips de bain. Bref: température extérieure 20 degrés ; ressenti moins 15 degrés Celsius. J’ai compris que j’étais réellement déréglée lorsque j’ai sérieusement pensé utiliser la bouillotte qui se trouvait dans l’armoire pour me réchauffer.
Après avoir testé plusieurs maisons néo-zélandaises nous nous demandions si le conte des « trois petits cochons » était disponible dans les librairies locales. Elles vont s’envoler ces maisons: il faut nous isoler tout ça un petit peu si vous ne voulez pas être trop dépourvu quand l’hiver sera venu!

« Ouvrez votre lunch box et sortez vos tennis s’il vous plait! »
A l’aéroport on ne rigole pas. L’ennemi numéro 1 ici c’est la nourriture et la boue, les méchants contaminateurs ! Tremble visiteur, si tu as oublié un bout de nouilles au fond de ton sac à dos, la sentence sera terrible. Les chiens renifleurs rodent autour de toi pour détecter le moindre gâteau sec. C’est peut être pour ca que l’un des toutous flics a pris pour cible le sac d’une grand-mère qui n’avait pourtant pas l’air d’un baron de la drogue.
Autre différence notable d’ailleurs: la race canine est un fidèle collaborateur de l’homme alors qu’en Asie en fonction des lieux il vaut mieux qu’il rase les murs s’il ne veut pas finir en fried rice.

« Liberté, je dirai ton nom »
Aucun membre de l’aéroport n’allait nous menacer de glisser une noix de coco illicite dans notre bagage si nous ne les arrosions pas de plusieurs centaines de dollars néozélandais. Pas de corruption à craindre a priori. On a même tenté une phrase osée « le dirigeant de la Nouvelle-Zélande il n’est pas gentil/gentil » et personne n’est venu nous récupérer, nous mettre des menottes, et nous jeter dans une jaule. C’est donc ça de retourner dans un pays sans crime de lèse majesté ?
Notre séjour en Thailande a été marqué par la mort du Roi. Partout, à chaque coin de rue, d’immenses portraits à sa gloire (ici les panneaux publicitaires préfèrent insérer des photos de Big Mac). Une population toute de noire vêtue pour marquer le deuil, une propagande omniprésente. Et toujours la sensation qu’il vaut mieux surveiller très sérieusement ses propos. N’oublions pas la chance que nous avons de vivre dans des sociétés démocratiques où nos propos contestataires ne nous mènent pas directement à la case prison (dans le meilleur des cas).

« Quoi? Qu’est ce qu’il dit? »
L’accent néo-zelandais est très difficile à apprivoiser. Même en regardant nos series en VO sous-titrés, on n’avait pas été confronté à de telles intonations. Et quand on demande s’il est possible de répéter plus doucement, le néo-zélandais recommence généralement sa phrase exactement à la même allure et d’un air passablement agacé. « Excuse moi mon coco mais tu veux venir en France ouvrir un compte en banque dans notre langue de Molière? Tu verras si c’est simple, surtout si la guichetière de la Banque Postale n’y met pas du sien« .
Nous devons nos meilleurs regards interrogatifs au vendeur de forfait téléphonique à l’accent indien: « t’as compris ce qu’il a dit? Non et toi? Non! Et merde!« . Alors quand parfois on n’a pas envie de batailler, on adopte l' »Asian Style« : un sourire, un « yes » (même si ce n’était peut être pas la réponse appropriée à la question), et on continue notre chemin.
D’ailleurs, en Asie, comme nous parlions tous une langue qui n’était pas la notre, en maîtrisant quelques champs lexicaux basiques (manger/dormir/se déplacer/ négocier) on arrivait à se comprendre. Et même parfois, nous pouvions nous enorgueillir d’avoir un meilleur niveau en anglais qu’eux- fait rarissime pour un français à l’étranger! Du coup, ici en Nouvelle-Zélande, on remet les pieds sur terre « oui, bon, on est des quiches, en fait« … Mais c’est pas grave puisqu’on a la French touch (et le French kiss)!

« Qu’est ce qu’on va manger? »
Par curiosité, j’ai ouvert un jour un Lonely Planet d’ici qui parlait de la France. Dès les premieres pages, ce titre « les français: l’obsession de la nourriture« . Ca m’a fait rire et on ne peut pas je crois nier ce fait! On est grillé les gars!
En Asie nous mangions peu quantitativement mais bien qualitativement. La chaleur ne nous donnait pas envie d’engloutir de grands festins et les portions proposées etaient raisonnables et bien suffisantes. Le riz et les nouilles etaient souvent au menu, nous laissant peu de suspenses.
Alors quand le jour de notre arrivée nous avons mis les pieds au « PackNsave« , grande surface locale, nous ne savions plus ou poser notre regard. Tout ce choix! Tout ces rayons, tout ces produits! C’est trop! Nous étions à Disneyland, au temple de la consommation et des produits industriels. A la fois ébahis et perdus. Si nous avions du faire les courses pour plusieurs jours, je crois qu’on aurait pu nous y laisser pendant la demi-journée le temps que nous nous décidions.
Désorienté, Remy craque de manière inexpliquée dès les premiers mètres pour une buche de Noel. Puis tout s’enchaîne: pomme de terre, fromage- on va se concocter une tarte qui gratine un maximum. On s’emballe, on a envie de tout goûter: l’appel du gras et du sucré nous saisi. » Nooon, nous retombons sous le joug de l’industrie agro-alimentaire‘ »- Elise Lucet sors nous de là!
Et puis les quantités! On voit la taille des sachets et on se dit qu’il nous faudra 15 jours intensifs pour en venir à bout. D’ailleurs nous avions envie d’investir dans une petite bouteille de Coca-Cola pour étancher une petite soif et la c’est a n’y rien comprendre! La petite bouteille est bien plus chère que celle de 2 litres! C’est moche ces incitations !
Passé l’excitation de la nouveauté, on sature vite de ces produits. C’est qu’on avait notre panier de légumes bios hebdomadaire et qu’on faisait des achats à biocoop nous (oui, on se rapproche de la trentaine, on le sait). J’ai beau essayer de décrypter les étiquettes, il n’y a pas grand chose de bon dans le lot!
On n’est pas au pays du bien manger ici. On se croirait un peu aux Etats-Unis de l’Oceanie: les fasts foods sont partout. Et quand on se rend compte que ça coûte aussi cher de commander une pizza que de s’acheter une salade, on se dit que ça ne va pas dans le bon sens tout ça!

« Je t’en prends deux et tu me fais une ristourne? Quoi? Ca marche pas ici? »
Toujours à l’aéroport, nous avions une petite faim et décidions d’investir dans un sandwich à 5 dollars. C’est que ça fait quand même 125,87 baths ! « Allez, vous nous le faite à trois dollars et on en prend deux!« ; » Ah? On négocie plus ici? C’est le prix définitif ?« . On était prévenu: revenir dans un pays riche refait de nous des pauvres! Plus de négociation; désormais nous nous faisons clairement abuser mais nous ne pouvons plus rétorquer.
Comme c’est étrange, nous sortons de l’aéroport, et aucun chauffeur de taxis ne nous sollicite! Personne pour nous encercler comme un ballon de rugby au milieu de la mêlée? Pourtant, on reste tout de même sur nos gardes « Non, non, ne les regarde pas dans les yeux ça va les attirer« .
D’ailleurs carton rouge pour tes transports en commun Auckland! Des allers en bus à 5 dollars est ce vraiment incitatif? Est ce vraiment raisonnable? Tu sais bien que non mon vieux! Renseignes- toi, fais ta part, sois un peu Cop21! Tu sais jusqu’où on aurait pu aller pour ce prix là en tuk-tuk?
Et puis tous ces habits dans les boutiques… Depuis des mois, la mode a continué à plancher sur de nouveaux looks à adopter. Jusque là j’étais au top de la tendance dans mon sarouel mais là j’ai l’impression d’être un peu pouilleuse. Enfin, ce n’est pas grave parce que par la suite il y aura moins de pressions puisque nous pratiquerons le camping intensif. La tendance y reste le classique et universel « tong+ chaussette » et rouleau de PQ à la ceinture. Le naturel, il n’y a que ça de vrai!

« C’est pas un petit peu aseptisé ? »
On regarde les bas côtés et surprise, ils sont propres! Ils sont où les déchets? « dans des poubelles?« – intéressant… Mais ça manque pas un peu de cachet du coup? Et oui, étrangement tout nous semblait si propre, si ordonné, spécialement dans la banlieue résidentielle ou nous dormions, que ça nous donnait presque l’impression d’une ville témoin!
On s’est vite réhabitué tout de même, et il est vrai que ça fait du bien à l’esprit de ne plus être autant confronté a ces problématiques environnementales. Mais pour autant, nous nous demandons comment faire pour que les pays d’Asie en voie de développement puissent parvenir à gérer ces tournants cruciaux en terme d’environnement. Quel rôle pouvons-nous avoir à jouer? Il y aurait tant à faire sur ce sujet!
Le changement de niveau de vie nous donne le tournis. Que de différences, que d’inégalités dans ce bas monde. Et nous, avons nous vraiment besoin de toute cette abondance?
En tout cas si les Thaïlandais voyaient quels prix sont prêts à payer les gens ici pour une assiette de pad-thaï ce serait l’inflation dans les bouis-bouis locaux!

Ces petites choses vous sont déjà passées par la tête?
Notre esprit et nos réflexes étaient toujours en Asie. Nous nous amusions encore à tout décortiquer, à tout comparer. Et après ces premières impressions que s’est il passé? Quelles impressions nous a laissé la Nouvelle-Zélande après des mois de vadrouille? Alors en vrai c’est comment? Réponse bientôt!
