
Si vous avez bien suivi, vous savez que je ne suis pas une aventurière dans l’âme et que je n’avais jamais mis les pieds en Asie (ni même regardé des reportages sur France 5). Je partais donc de zéro.
C’était aussi une première pour Rémy: sauf que lui était en mode « même pas peur » (et qu’il écoute France Inter dès qu’il a une seconde- il a du glaner un tas d’infos). Il s’adapte à tout, un vrai caméléon! Il suffirait que je le laisse deux jours et il pourrait totalement s’être débrouillé pour avoir une licence, sillonner les rues en étant chauffeur de tuk-tuk et claironner « sir, sir, Tuk Tuk? Waterfall??! » sur son passage, tout en dégustant des noodles avec ses baguettes.
Au moment de notre départ, on aurait pu rajouter la voix de Denis Brognard, pleine de suspense avant un épisode de Koh-Lanta « ils sont deux. Ils ont rendu les clés de leurs maisons, vendu leur voiture. Ils n’ont plus RIEN (vous l’imaginez bien accentuer sur le « RIEN »). Vont ils survivre dans cet environnement hostile? Sous cette chaleur accablante? ». « Repartiront ils ensemble ou séparément? »: non en fait ça c’était dans l’île de la tentation, on s’éloigne du sujet.
A froid (ou plutôt à tiède), il est temps de revenir sur ces trois mois en Asie, les premiers de ce long voyage. Attention teaser: vous allez découvrir ce qui s’est passé dans nos têtes…Si ça vous intéresse, continuez à abimer vos rétines et ne lâchez pas l’écran. Sinon, il est encore temps de fermer la page et de reprendre votre partie de candy crush.

TEMPS 1: Les incertitudes « Dans quoi on s’est embarqué?!!! »
Malgré les préparations psychologiques préalables: « il va faire chaud », « ce sera très différent », « pas aussi développé », « les logements seront pas aussi bien que quand on part en vacance juste une fois par an, forcément », « c’est normal au début d’être déboussolé mais tout va se réguler », et bien ça a quand même été un grand chambardement lorsqu’on a atterri à Java. J’avais oublié de prendre en compte le facteur « fatigue » après des heures et des heures de vols et de correspondances.
S’en est suivi des doutes éclairs « hum, hum, donc là je viens d’abandonner tout ce que ma vie avait de rassurant et de douillet pour venir suer à très chaude goutte dans des pays où il n’y a pas de chasse d’eau à tirer… ».
Et sache que si tu es comme moi et qu’en France l’été à 30° tu te dis « oooh mon Dieu, mais il fait une chaleur horrible, je vais décéder », tu n’es pas au bout du choc climatique. Grosso modo au début, j’avais l’impression d’être en permanence à côté d’un millier de rôtissoires qui dégagent de la chaleur sur les trottoirs des villes l’été. La métaphore n’est pas très élégante mais c’est pour vous donner une idée.
C’était vraiment un autre monde. Alors bien sur pour les grands voyageurs, ceux qui sont déjà venus visiter l’Asie, ça ne semble rien. C’est easy. Et je le comprend mieux maintenant mais pour moi qui était vierge de dépaysement drastique, je débarquais vraiment sur une autre planète. Il m’a fallu enclencher sur « on » le mode « capacité d’adaptation ». Je n’avais plus aucun repère. Et il me fallait accepter (même si je le savais- en théorie) que ce serait comme ça pour un petit moment.

TEMPS 2: Réaliser: « Tu te rends compte de ce qu’on est en train de faire?! »
On se fait souvent la réflexion. Tout ce qu’on voit, qu’on découvre, sans cesse. Ce qu’est notre vie désormais. On est loin d’être les seuls à avoir fait ce choix. Sur notre route, on a croisé beaucoup de personnes qui ont mis les voiles le temps de quelques mois ou années. On est nombreux à faire les mêmes pays, à voir les mêmes choses. Si on avait voulu être tels des Christophe Colomb (ou des vedettes de « rendez-vous en terres inconnues ») c’est râpé!
Pour nous ça n’en reste pas moins sensationnel et dingue. Une décision un peu barrée même! Mais si on y réfléchit « l’être humain est unique; on est unique; notre voyage est unique », non?- CQFD
On est heureux d’être tous les deux pour vivre cette expérience. Et après 3 mois de vie 24/24 ensemble, on est toujours bien décidé à aller dans la même direction. Rémy n’a pas pris de billet direction la Patagonie pour me fuir (ou rencontrer Florent Pagny), c’est bon signe! On s’épaule, on prend soin l’un de l’autre, on se rassure (quand l’ATM de Bali nous a dépouillé de nos économies) et on se marre.
Il faut avouer que c’était un peu frustrant de veiller à nos faits et gestes pour ne pas heurter la pudeur de la population. On évite de se prendre par la main, de s’embrasser, et de se cajoler. Du coup finalement c’est peut être pas si mal qu’on sue autant (ça pousse à garder ses distances!). Mais par contre, il faut faire attention à ne pas virer simples compagnons de voyage!
On se sent chanceux de pouvoir découvrir un peu le monde dans lequel on vit. De nouveaux paysages, de nouvelles cultures, religions, façons de cuisiner.
Tout n’est pas toujours beau et policé forcément. Il y a souvent des choses qui nous hérissent le poil, ou qui nous font dire « eurk », « on part de là ». C’est juste qu’on ne retient que le meilleur! L’Asie ne fait peut être pas le tri sélectif mais nous notre mémoire se charge de classer les super souvenirs et de déposer dans la corbeille les moments moins biens.
Et puis sachez que même si on adore voyager, on continue à se dire qu’on est veinards à bien des égards d’être nés et de vivre en France.

TEMPS 3: S’adapter « 3 pays d’Asie et tant de différences! »
Indonésie, Laos, Thaïlande. Si proches géographiquement et pourtant si éloignés culturellement. Je ne pensais pas qu’ils le seraient autant.
L’Indonésie compte à elle seule tellement d’îles aux cultures si variées. Et nous n’en avons vu « que » trois. Lombok n’a rien à voir avec Bali, qui n’a rien à voir avec Java. Les différences de niveau de développement sont aussi assez criantes. Il faudrait des mois (ou des années?) de voyage pour pouvoir saisir toute la richesse et la multiplicité de ce pays. On est tout de même heureux d’avoir pu en découvrir une infinie parcelle.
Quand on arrive au Laos après Bali, on prend une bouffée de sérénité. La-bas c’est le calme, la nature, un autre rapport au temps. Peut-être parce que c’est moins touristique… C’était notre deuxième pays visité et nous avons vite apprécié les lieux. On a commencé à trouver notre propre rythme. A écouter nos envies. En théorie, on aurait bien aimé voir le sud du Laos mais finalement on a préféré prendre le temps, faire moins de kilomètres et dépenser moins en transports. Accepter de ne pas tout voir! C’est pas impossible qu’on y revienne un jour, qui sait et qu’on découvre la part du Laos qui nous est inconnue! C’est le pays que j’appréhendais le plus et pourtant même si c’est moins développé, même si les logements c’est pas top confort, et que les « routes » sont plus que chaotiques, et bien il garde une place particulière dans mon coeur de backpacker.
Et la Thailande venait à point nommé après le Laos. On aurait pu être traumatisé en passant la frontière: c’est tellement plus moderne, touristique et dynamique! Mais en fait ça nous a fait du bien. On a pu loger dans des endroits beaucoup plus sympathiques. Plus peur (ou moins peur) des insectes potentiels qui se glisseraient dans nos draps. Plaisir de prendre des douches sans tongs. Chambres climatisées pour se rafraichir après une journée dans la chaleur. Accès à de la nourriture plus variée. Et transports très faciles à utiliser. On a été en mode « easy », vacances, tout ce mois ci finalement. Et ça tombe à pic ces petits conforts parce qu’on sait que bientôt notre domicile sera un van! Et puis, on a eu la chance de tomber sur des Thaïlandais très sympathiques et souriants (ils gardent leurs titres de « pays du sourire »).
Il faut aussi dire que je me mets moins la pression. On surveille toujours de près notre budget mais tant qu’on est dans les prévisionnels qu’on s’était fixé, on relâche la bride. On culpabilise moins. Oui, peut être qu’il y a des logements meilleurs marchés, qu’on aurait pu encore négocier, que nos copains backpackers dépensent mois. Mais peut être aussi qu’ils préfèrent faire du surf, de la montgolfière, manger plus ou qu’ils ont un budget plus serré que le notre. On essaye de ne pas comparer. On fait les choses selon nous nos envies, nos priorités et tant pis si on gagne pas le prix des meilleurs backpackers les plus roots de la planète! La priorité c’est notre plaisir, qu’on se le dise!

J’ai souvent dit « non, l’Asie, c’est super de le faire mais je sais pas si c’est pour moi ». Et bien, contre toute attente ça me fait quand même un petit pincement de m’en aller. Et on pense même à d’autres pays (surement encore très différents) qui nous attireraient (pour une autre fois peut être?) comme la Birmanie, et le Japon.
Le reste du voyage sera-t-il à la hauteur de nos espérances? Va t’on continuer à bénir ce jour où nous avons décidé de partir? SUSPENSE.

Ps: tu peux reprendre ta partie de Candy Crush maintenant.
Très sympa cet article! On est complètement d’accord sur le fait qu’on ne gagnera pas le prix des meilleurs backpackers les plus roots de la planète mais que l’important c’est de se faire plaisir! On s’est nous aussi mis la pression au départ et maintenant tout va mieux. Profitez bien de la Nouvelle-Zélande!
Merci pour le commentaire! On est sur la même longueur d’onde! Du confort de temps en temps ne fait pas de mal! Qui veut aller loin ménage sa monture! Profitez aussi tous les deux! On suivra vos aventures sur votre site et qui sait on se recroisera peut être ( en Nouvelle-Zélande et même plus tard si vous craquez et que vous décidez de faire un saut en Californie)!. Ce serait sympa!