La Nouvelle-Zélande a le vent en poupe. Populaire, attractive, elle génère d’immenses attentes de la part des voyageurs en quête de nature généreuse et d’îles de bout du monde. D’ailleurs, il y a peu nous avons été interpellé par un lien au titre accrocheur: la Nouvelle-Zélande: le nouvel eldorado des français.
Mais est ce vrai? Est ce que ces terres océaniques sont vraiment ce pays chimérique où la vie est douce et facile? Est ce que ça vaut vraiment le coup de traverser le globe pour aller voir de plus près ce qu’il s’y passe? Attention chers lecteurs, le contenu ci-dessous est totalement subjectif: toute ressemblance avec des opinions similaires est totalement fortuite.
Tout n’est-il que nature et étendues sauvages?
Parfois, souvent même, on s’invente un monde. L’imaginaire galope à partir des récits des uns et des autres, et de quelques images interceptées sur la toile ou sur petits et grands écrans. Je m’étais inventée ma Nouvelle-Zélande. Là-bas, ce n’était que nature, ou presque. Entre une ou deux villes charmantes pour se replonger dans la civilisation, je ne voyais rien, si ce n’est de la verdure. Vision utopique? En partie seulement, puisque l’île du sud encore très sauvage,n’a pas déçu nos attentes.

En revanche l’île du Nord se découvre de villes en villes. Souvent petites, et sans charme particulier. Il faut dire que l’histoire du pays est récente. Si les premiers arrivants, les polynésiens (ancêtre des maoris) sont venus s’y installer en 1000-1200, ce n’est qu’en 1840 que les colons britanniques en soif de conquête ont débarqué. Pas d’Histoire longue et mouvementée qui se lit à travers ses murs et son architecture.
Je me demande si nos illusions ne sont pas dues au perfide marketing qui infiltre nos cerveaux.

Sans même m’en rendre compte, j’assimilais « nature » et « santé« , et mon imaginaire excluait donc la présence importante de fast food et de malbouffe dans le paysage citadin. Par le même assemblage de pensées, « pays nature » allait de pair avec « conscience écologique » et « préservation de l’environnement« . Ce n’est pas si simple et si vrai.
Mais ce qui reste certain c’est que ses paysages qui s’offrent aux touristes, ce sont des merveilles qui s’immiscent dans les pupilles et s’inscrivent dans les mémoires .

Est ce le pays du « road trip » en van par excellence ?

Quand on pense Nouvelle-Zélande, on pense vie bohème, van aménagé, fenêtre ouverte et paysages qui défilent. Le mythe tient la route! Ce pays se prête totalement à ce mode de voyage. On trouve des campings un peu partout où se poser avec notre maison sur roulette. Souvent même des gratuits, bien qu’ils se raréfient drastiquement. Pourquoi? Peut être à cause des dérives que cela a entrainé. Tellement de voyageurs prennent la route pour vivre cette expérience une fois la belle saison venue.

On trouve beaucoup de français, et encore plus de très jeunes allemands bien décidés à partir à la conquête de l’Océanie. Seulement voilà, tout le monde n’est pas convaincu de la nécessité de ne pas laisser de traces derrière lui , d’apprécier l’accueil gratuit, et de respecter les lieux. Et parfois on retrouve des campements en sale état, où les déchets sont légions et où les toilettes offrent des découvertes traumatisantes (je prévois une thérapie sur plusieurs années pour y faire face).
Ce qui nous fait nous questionner sur la viabilité de ce mode de voyage.

Tel qu’il est, ce modèle de liberté et de gratuité, ne durera peut être pas toujours.
Il est probable que les campements ferment, que les rangers sévissent d’avantage et que le pays cherche à s’attirer d’avantage de touristes aisés que de backpackers minimalistes. Nous verrons bien ce qu’il adviendra!
Nous sommes en tout cas heureux d’avoir pu vivre ça tant qu’il est encore temps.
Rémy et moi avons passé des mois de découverte et d’ébahissement inoubliables à bord de notre van.

Ravis d’avoir toujours un toit (de voiture) prêt à nous servir de refuge. Bien que fatiguant, on retrouve une forme de stabilité. Et on s’y accroche, on s’attache à ce bout de ferraille qui est un peu tout ce que nous avons.
Pour être honnêtes, nous ne pourrions pas adopter ce style de vie sur le long terme. En théorie, cela peut sembler attirant et excitant mais en pratique c’est surement moins glamour et confortable que cela en a l’air. C’est en tout cas une jolie parenthèse qui nous permet de nous rendre compte (si ce n’est déjà fait) qu’on peut vivre avec peu (et heureux).
Les paysages sont ils si spectaculaires?
On s’attendait à voir du très beau, du grandiose, du magique. Et on n’a pas été déçu. Vous suivez peut être parfois nos carnets de voyage et les photos prises par Rémy parlent d’elles-mêmes (non?). On a été gâté. En peu de kilomètres effectués, il est possible de profiter de décors plus variés et superbes les uns que les autres.
Qui dit Nouvelle-Zélande dit volcans, lacs, plages, montagnes, vallons, géothermie, fjords et glaciers. Il y en a pour tous les gouts, et assez pour ne pas se lasser. Le seul risque c’est de s’habituer au beau. Nos attentes augmentent et quelque chose qui peut être nous aurait sidéré quand nous sommes sortis de l’avion, nous laisse plus facilement indifférent après des mois.
Ce qui est génial c’est que tout est très bien organisé pour satisfaire les touristes amateurs de randonnée. Des chemins parfaitement tracés, des marches qui partent dans tous les sens, partout. C’est opération mollets en acier au pays des kiwis!
Au delà des paysages, il y a ces animaux qui s’épanouissent dans leurs habitats, en liberté. Des oiseaux qu’on ne peut voir nulle part ailleurs sur terre. Et puis nos petits marins favoris: les phoques, lions de mer, dauphins et pingouins. Il n’y a pas besoin d’être Brigitte Bardot pour se laisser attendrir.
Est on bien accueilli?

Il est sur ce domaine là encore plus question d’expériences subjectives. Selon la notre, nous aurions tendance à répondre « non« . Mais peut être ne sommes-nous juste pas tombés sur les bonnes personnes?
Nous avons ressenti une forme de rejet pour les touristes que nous étions. Catalogué dans la tranche d’âge 20-30 ans, voyageant en van en nous contentant de peu, nous n’étions pas dans les petits papiers des locaux. On peut en déduire pourquoi (on en a parlé ci-dessus). Mais, nous avons pu expérimenter que le rejet provoque du rejet. Nous avons tout au long de ces mois montré du respect pour ce pays que nous découvrions et oeuvré pour l’image du français à l’étranger.

Mais à la fin nous n’avions plus de considérations pour ce peuple à l’accueil touristique qui nous semblait perfectible.
D’ailleurs, on ne peut que regretter que les médias de là bas sautent sur des micro-évènements ou incidents, pour propager une méfiance. Pas sure que ce soit une excellente solution, là bas comme ici.
Mais qu’importe puisque même si nous n’avons pas eu de crush avec les locaux, nous avons fait de belles rencontres.
Des étrangers comme nous, tous heureux de vivre l’instant présent sur cette île
Passer 4 mois dans un même pays ce n’est pas regrettable?
Non, pas du tout. Ca nous a permis d’expérimenter un autre style de voyage, d’adopter un autre rythme. Nous sommes devenus des tortues qui trimballent leurs maisons lentement mais surement. Et il nous fallait bien ces 4 mois pour profiter pleinement de ce que le pays a à offrir. On prend le temps et on aime ça. Et puis on n’a plus la jeunesse de nos 18 printemps: à suivre un rythme trop effréné et sauter d’avions en avions, on aurait été totalement sur les rotules! Peut être aurait il fallu nous rapatrier d’urgence.
Conclusion: Eldorado ou pas?

La Nouvelle-Zélande mérite l’attraction qu’elle engendre. Ses paysages, sa beauté: elle n’a pas usurpé son titre de destination où il fait bon voyager. On ne peut que recommander d’aller découvrir ce qu’elle a à offrir. Ca restera des souvenirs de folie dans nos mémoires et nos albums photos.
Mais au delà de ça, nous ne nous verrions pas du tout nous y installer.
Tout n’y est pas idyllique, comme partout je crois. Et nous, de manière totalement subjective toujours, nous ne pourrions pas y être heureux. Ce n’est que nous, tout est une question de ressentie et d’émotions.
La Nouvelle-Zélande n’est pas notre eldorado.

Et puis au fil des mois et des destinations, nous avons consolidé notre attachement à la France. Les paysages ne font pas tout. Le coeur a ses raisons! Force est de constater que malgré ses défauts et ses imperfections, nous ne pouvons nulle part ailleurs qu’en France nous sentir chez nous. C’est là bas que se trouvent les personnes que nous aimons, c’est là bas que nous traçons les contours de nouveaux projets de vie, que nous concentrons nos espoirs d’avenir stable et « radieux« … On a d’ailleurs pu débattre autour de la phrase récente prononcée par Sylvain Tesson « la France est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer« .
*qualificatif adopté par mon optimiste de Rémy

Bref, l’enjeux futur sera de ne pas chercher ailleurs des eldorados mais d’ouvrir grand les yeux pour continuer à apprécier ce qu’il y a tout près de nous.
Perso, je me suis aussi demandé si ce n’était pas le nouvel eldorado des Français, car j’en entends beaucoup parler et je tombe souvent sur des comptes rendus sur le Net. Il faudrait que je pense sérieusement à m’y rendre un jour.
Je partage beaucoup de points que vous avez développé !
Quand j’ai débarqué en NZ j’avoue ne pas avoir pris le pays comme un « eldorado » donc je n’en attendais pas autant que d’autres. Par contre là où on avis diffère (normal, c’est subjectif !) c’est sur l’accueil des gens. En 8 mois sur place, j’ai eu zéro problème, zéro méfiance, zéro hostilité. Peut être ai-je eu 100% de chance de rencontrer les bonnes personnes ?
Ah merci pour ce post réaliste. ça me gave tellement les tour du mondistes bisounours qui ne nous montre qu’une facette de leur périple . Je suis bien d’accord avec vous, le paradis c’est celui où il y a les gens qu’on aime. Et puis dieux sait si j’aime les voyages mais il n’y en a pas un où je ne me suis pas dit à moment donné que j’avais bien de la chance d’être née et de vivre en France!! Les Français sont d’éternels pessimistes mais faut dire que les médias n’aident pas du tout. Depuis que je ne regarde plus la télé, je trouve la vie bien plus belle et je n’ai plus peur de mes « voisins »!! Gros bisous les amis
Merci beaucoup pour le message Christelle! On se ressemble! On est bien d’accord avec toi sur le pessimisme véhiculé par les médias! D’ailleurs sur ce sujet là, on a trouvé un lien pas mal: « https://reporterre.net/BD-Les-ravages-de-la-tele-sur-la-sante-collective ». Tu peux y jeter un coup d’oeil, ça devrait te plaire! Je crois que nous aussi au retour on va laisser la télé dans notre carton! La bise à Olivier! L’été arrive, vous devez être bientôt prêts pour les féria!