Nous n’en sommes qu’à nos 27 printemps (et demi), soit presque rien à l’échelle de notre vie sur terre (si tout va bien) et pourtant il y a des moments où on sent qu’on se rapproche dangereusement de la trentaine et que s’éloigne la fraicheur de la vingtaine.
Comme disait la philosophe Lorie (régulièrement reprise par le non moins philosophe adepte de la « positive attitude » Raffarin): « à 20 ans on est invincible/à 20 ans rien n’est impossible ». Tout est dit, non?
Si vous connaissez cette référence, c’est que déjà, comme nous, vous êtes passé du côté obscur de l’âge. Désolée de vous le dire.
Outres les cheveux blancs toujours plus nombreux à me narguer (je suis la seule concernée étant donnée que Rémy est le blond de gad elmaleh, il ne perd jamais de sa superbe), il y a des détails qui ne trompent pas nos yeux attentifs. Eh oui, quand le soir venu, tu observes tes voisins de camping depuis la fenêtre (semi-teintée) de ta Toyota en Nouvelle-Zélande, tu te rends bien compte que tout n’est plus tout à fait comme avant.
Il y a tant de moments où lorsque tu voyages en Van tu te sens déjà vieux!
Tu vois de quoi je parle?

Détail numéro 1: Quand de casse pied du soir tu passes à casse pied du matin
Le soir, à 21h30, tu es tranquillement allongé dans ton « lit », tu fais un brin de lecture avant de sombrer progressivement dans les bras de morphée. Pendant ce temps, les jeunes, les casse pied du soir, mettent leurs enceintes plein watts, sont passablement éméchés; ou jouent en boucle le seul air de guitare ou de ukulélé qu’ils connaissent dans l’espoir secret de draguer, de conclure et de tester par la même occasion les amortisseurs du van.
En revanche, le lendemain matin à 7h, qui est qui en forme, prêt à en découdre avec une nouvelle journée de découverte? C’est les vieux, les casses pieds du matin. Ceux qui jubilent en se disant intérieurement « rira bien qui rira le dernier », maintenant c’est à moi de faire tinter ma casserole, mes tasses, de parler à gorges déployées et de te sortir de ton sommeil! Diabolique les vieux.

Détail numéro 2: Quand tu fais une liste avant de faire tes courses et que tu fais tout pour manger varié
Le vieux est prévoyant et ne veut pas se farcir des pâtes tous les soirs. Il veut du plaisir pour ses papilles, il ne se fiche pas de ce qu’il y a dans son assiette. Il ne passe pas au fast food tous les jours, parce que le gras à partir d’un moment il ne s’accroche pas qu’au sachet du burger, il colle aux cuisses, aux fesses, au ventre partout et on ne peut plus s’en dépêtrer. Le vieux a besoin de légumes, sinon il n’est pas bien. Ce qui nous amène au détail numéro 3:

Détail numéro 3: Dans ton van on trouve plus de légumes que de bières
C’est la continuité logique du détail 1 et 2 finalement!

Détail numéro 4: Quand à la moindre petite bise tu ne peux pas t’empêcher de chantonner « sentir le vent qui se déchaine »
Bon là, j’admets que c’est peut être juste moi parce que j’ai un répertoire un peu daté. Mais ça marche aussi avec des chansons que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaitre. Par exemple « sous le veeent, et si tu crois que c’est fini », ou tout autre air qui faisait sensation au hit machine.

Détail numéro 5: quand tu refais le plein d’essence « au cas où » dès que tu en es à la moitié du réservoir
Tu ne peux pas t’empêcher, encore une fois, tu es prévoyant. Tu as trop peur de te retrouver embarqué sur une route de gravier pendant des kilomètres et d’être dans la panade. Avec l’âge qui avance, tu an-ti-cipes!

Détail numéro 6: tu organises ton van comme si c’était ta maison
Alors comment je peux faire pour l’améliorer? Comment m’organiser? Hop, hop, hop, on va mettre quelques règles sinon on va pas s’y retrouver et ça va être la débandade. On voit bien que les petits jeunes ils s’en moquent si ce n’est pas rangé, ils se fichent de se poser sur leur matelas avec les pieds cras-cras, de mettre leurs vêtements en boule et de laisser leurs slips entre la boite de céréales et le liquide vaisselle. Ils n’ont pas de visibilité au niveau de la vitre arrière, who cares? Ils prennent la premier caisse qui passe, ils installent vite fait un matelas et ‘roule jeunesse ». Pendant ce temps nous, on faisait expertiser la voiture en tremblant à l’idée de se faire entourlouper et de se retrouver avec un joins de culasse à changer après avoir fait 10 bornes.

Détail numéro 7: quand tu te demandes jusqu’où la flemme peut les mener
Le jeune mise sur le plaisir immédiat plutôt que le bien être durable. Ses fringues puent le coyote? Plutôt que de les laver ou d’investir quelques dollars dans un lavomatic, il préfère les remettre jusqu’à infester définitivement son habitacle!
Prendre une douche? Trop contraignant, si je buvais plutôt une bière? Ou si je me jetais dans la rivière avec mon Head and Shoulders bien chimique pour infester tout l’écosystème?
Le jeune est dans le « no future », l’instant présent.

Détail numéro 8: quand tu te demandes s’ils n’ont pas froids aux miches
Il y a de la pluie, du vent, les températures sont relativement fraiches et pourtant ils arborent un short aussi large que notre chiffon pour essuyer la vaisselle. Qu’importe les degré celcius, ils ont le feu à l’intérieur de leurs corps.

Détail numéro 9: quand tu préfères te garer à côté d’un camping car que d’une voiture wagon
Tu arrives au camping, tu réfléchis à l’emplacement optimal « un peu d’ombre pour le matin, à l’abris du vent pour cuisiner, un peu d’intimité, pas trop près des toilettes à cause de l’odeur ignoble qui s’en dégage». Le jeune lui il fonce il y va, il se gare en plein milieu si il faut, tant qu’il a une place c’est l’essentiel.
Avant de te garer, tu essayes aussi de cerner ton hypothétique voisin du soir. Si tu vois un jeune avec une vodka à la main et qui écoutes à fond du Bob Marley tu commences à te dire « danger, celui là il risque de nous saouler toute la nuit ». Par contre si tu aperçois un maxi camping car avec des retraités, tu fonces en te disant « ah, je sens qu’on va être tranquille ce soir ».

Détail numéro 10: Tu ne t’ouvres pas les veines quand tu n’as plus de batterie
C’est vrai qu’on fait partie de la génération Y, les écrans on les connait bien et ils sont partout chez nous. Mais quand même, il me semble que nous n’avons pas le même degré d’addiction que les petits jeunes. On a connu l’Avant Internet, l’avant ordinateur portable, l’utilisation du téléphone fixe avant tout. Cette époque où si tu voulais chercher sur le net la date de la bataille de Marignan, il te fallait la demi-journée. Alors, tu ouvrais ton dictionnaire Larousse.
Les jeunes, ils n’ont pas connu ça. Eux s’ils n’ont pas leur batterie de téléphone, d’ordinateur, de tablette (mais surtout de téléphone), chargée à 100% ils commencent à avoir des sueurs froides. Alors ils investissent les bibliothèques qui ne sont pour eux que des batiments pourvus de prises électriques gratuites. Certains viennent en maillot de bain juste pour y brancher leur téléphone (du vécu), d’autres s’enferment des heures dans les toilettes équipées de prises si les autres sont déjà occupées (du raconté). On les voit affalés par terre en train de regarder des vidéos youtube (sans écouteurs!), manger des chips bruyamment, zoner sur Facebook pendant des heures comme des zombies en discutant à voix très haute et intelligible avec leur voisin. Bref, nuire à ceux qui aiment l’atmosphère calme et sereine des bibliothèques.
Le vieux lui, il aime bien avoir de la batterie mais son monde ne va pas s’écrouler le cas échéant. Il rechargera un peu sur son allume cigare le lendemain et puis voilà. Et puis même, il se dit que ça ne peut pas lui faire du mal de se déconnecter!

Bref
Ils sont insouciants, ils sont jeunes, branchés, ils sont libres. On ne va pas se mentir, on aimerait bien faire ret rapide mais le magnétoscope ne fonctionne pas (et est obsolète). On ne retrouvera jamais le temps de nos 22 ans. Au fond, on ne serait pas un peu jaloux tiens? Nostalgique, déjà?

Pour prolonger la discussion, voir qu’on n’est pas les seules (c’est surtout pour les nanas sur ce coup là), et se reconnaitre dans ses articles drôles et décalés, on aime bien le site internet « 30 ans ou presque » ! En attendant, on garde la motivation et on reste des vieux jeunes!
J’ai ri et moi je m’y reconnais totalement (bon sauf pour la liste pour faire les courses, je n’ai jamais réussi, zéro imagination culinaire si je n’ai pas tout sous les yeux! ) !! Je comprends l’idée de se sentir « légèrement » en décalage mais moi je l’ai vécu dans un contexte pro – aaaah les autres stagiaires qui ont 5 ans de moi que toi… J’ai ri aussi (beaucoup) pour la n°4 mais Nico n’a pas compris … ces vieux jeunes alors!
Aucune culture musicale alors ce Nico! Aha ça me fait penser à la série « younger »- le décalage professionnel. On n’a rien vu venir: un jour on était au lycée en train de passer le BAC et le lendemain sans qu’on ait eu le temps de dire « ouf » on se retrouve à souffler 27 bougies (même ça c’est une parole de vieille). Je suis définitivement gangrénée par l’âge. En même temps, je crois que j’ai toujours eu un petit quelque chose de rétro!
Bon j’avoue, je ne suis pas à 100% d’accord, je ne me reconnais pas trop là dedans, et je vais avoir 31 ans (demain purée j’avais oublié mdr). Je ne me sens absolument pas vieille, même si pour être honnête l’année dernière le passage à la trentaine a été difficile et flippant, finalement, je me suis rendu compte que ce n’était pas si douloureux.
Détail numéro 1 : je n’ai jamais été et ne suis toujours pas du matin. Je ne suis pas la casse pied du soir pour autant, mais par contre je ne suis pas opé à 7h du matin. Jamais. Ou alors il me faut une très bonne raison (une rando, un truc sympa à faire qui va prendre la journée)… mais se lever à 7h pour se lever à 7h, non. Ni à 20 ans ni à 31 😀
Détail numéro 2 : pas toujours de liste, et quant à manger varié, je le ferais si je savais cuisiner… eh non, avoir 30 ans ne veut pas forcément dire devenir un cordon bleu, vert ou jaune automatiquement! Et je suis loin d’être la seule …
Détail 3 : non plus. Enfin, des légumes un peu quand même, mais surtout du coca (c’est maaaal)
Détail 4 : AH enfin quelqu’un qui partage mes tubes du grenier (mais je le faisais déjà à 20 ans 😀 )
Détails 5, 6 et 9 : Je le faisais à 20 ans, je continue à 30 😀
Détails 7 et 8 : jamais à 20 ans, jamais aujourd’hui 🙂 Team frileuse forever, les short, connais pas 😀
Détail 10 : euh je plaide coupable… j’avais pas tous ces appareils à 20 ans mais je pense que je me serai autant énervée qu’aujourd’hui si je n’avais plus de batterie (ce qui ne m’arrive jamais, je suis prévoyante aha)
Bon je comprends bien que c’est un article à prendre au 2nd degré, je l’ai pris comme tel, et je ne suis pas en train de vous reprocher quoi que ce soit hein 😉 mais en reprenant vos points, je voulais juste montrer que passer du côté obscur de la trentaine ne changeait pas forcément le comportement aussi radicalement. Bien sûr on a plus d’expérience sur certains trucs donc on ne fait plus certaines erreurs, mais sur d’autres choses, on reste les mêmes. Au début je pensais que j’avais oublié de grandir (ce qui m’allait très bien, au passage) mais en fait je me rends compte qu’autour de moi, j’ai des gens qui ont 30 ans ou plus, et qui sont aussi jeunes dans leur tête que je pense l’être. Et tant mieux !!! (j’ai aussi des copines casées / maman / proprio / stables / voire chiante quand elles me demandent quand est-ce que je ferai comme elles : JAMAIS MDR)
Merci Stéphanie de lire aussi attentivement nos articles, ça fait plaisir! 🙂 Oui chacun est différent, c’est ça la magie de la vie ;). Cet article est totalement subjectif donc certains s’y reconnaissent bien d’autres pas du tout! Mais on espère que le plus grand nombre aime notre vision 2nd degrés du voyage que nous faisons… Mais attention à la crise de la quarantaine ^^;)