Je ne sais par quelle magie en endossant un sac à dos et une vie nomade, en traversant des frontières, nous devenons soudainement des êtres si sociables.
Lorsque nous avons débarqué en Aveyron pour nous sédentariser il y a quelques années de ça, nous avons trouvé ça aussi difficile de faire des rencontres que de traverser la manche à la nage en étant amputés des deux bras. Nous en étions presque arrivés à la conclusion qu’une vie en Hermitage-lui/moi/des barquettes d’aligot-avait ses avantages.
Mais non, malgré un léger repli sur nous et une méfiance contagieuse (« il me sourit lui?hum qu’est ce que ça cache?), nous restons des êtres sociables.
Alors quel bonheur de constater que notre voyage est fait de rencontres. Il se nourrit des personnes que nous trouvons sur notre route. Sans chichis, sans hésitations on embraye les discussions. On découvre des aventuriers de longues dates, des voyageurs insatiables, des vacanciers heureux. Des français, des belges, des canadiens, des hollandais, des marocains, des américains. Des jeunes et des moins jeunes avec qui échanger. On parle de tout de rien, du voyage, d’un avant qui semble déjà loin, de nos vies et de nos envies.
On se fait du mal en se rappelant ce que ça fait d’avoir 4 saisons, de passer une journée sans transpirer, de se glisser dans son lit douillet, et de se faire à manger (avec du fromage… beaucoup de fromage).
On reste ensemble 1 heure, 1 jour ou plusieurs. On se perd de vue et on se retrouve. Parfois ces rencontres ne seront qu’éphémères (mais agréables) mais parfois elles apportent un plaisir supplémentaire à cette vie d’instabilité. On rit, on se raconte nos anecdotes et on commence à regretter de voir nos chemins se séparer. On garde l’envie de se revoir en espérant très fort que là-bas quand on se recroisera ce sera aussi sympa qu’ici, au bout du monde.
On pense aussi à nos amis, ceux qui sont restés au pays. Ils nous manquent et on se dit qu’on aimerait bien qu’ils débarquent à l’improviste pour trinquer avec nous autour d’une Beer Lao (et qu’ils amènent un plateau de fromage avec eux – oui, ca vire à l’obsession). On pense aussi à ceux dont on s’est éloigné avec la vie et les kilomètres et on se dit que c’est dommage et qu’on pourrait sûrement raccrocher un peu les wagons.