Un voyage solidaire en Sierra Leone (Partie I)

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Découverte et Immersion

Fonder une association pour aider la Sierra Leone

Tout a commencé avec Raaghed, mon beau-frère de l’époque. Il est originaire de Sierra Leone et m’a beaucoup parlé de son pays. Il nous a sensibilisé, des camarades Lotois et moi  à ce qui se passait là-bas et a su nous fédérer autour d’un projet.

Nous avions envie d’agir à notre niveau. C’est comme ça qu’est née l’ASDES (Association de Soutien et de Développement d’Éducation Solidaire).

Rapidement rejoins par plusieurs bénévoles, nous avons mené différentes actions, ici en France, pour récolter des fonds : repas africains, lotos, marchés, récupérations de batterie, collecte de matériel scolaire…  Puis, nos efforts ont porté leurs fruits et nous avons pu partir là-bas, sur le terrain pour concrétiser tous nos projets.

Nous travaillons en coopération avec la Fondation sierra léonaise « Nurul » qui se bat pour faire fonctionner un réseau d’écoles et permettre l’accès à l’éducation.  Une fois sur place, nous sommes restés en lien constants.

Voyager solidaire avec l’ASDES

Ce voyage a véritablement marqué ma vie.  Je vais vous raconter comment.

Arriver dans ce nouveau pays, dans ce nouveau monde

Nous avons atterri à Lungi à cinq heures du matin. Il faisait encore nuit et pourtant un marché nocturne se tenait à l’extérieur, éclairé à la bougie. Je découvre déjà qu’ici la vie ne s’arrête jamais.  Et qu’il me faudra m’acclimater à des températures très élevées et à l’humidité (c’est la saison des pluies).

Pour rejoindre Freetown, la capitale, nous avons attendu que le jour se lève pour prendre un ferry. Il est impressionnant : il semble à la fois solide et à la fois bricolé de haut en bas. Beaucoup de personnes s’y massent, sans compter les voitures garées au millimètre pour ne pas perdre de place.

Je peux enfin découvrir les paysages qui m’entourent. Le dépaysement est total.

Arrivés à Freetown, nous sommes impressionnés par les nombreuses boutiques de fortune dans les rues. Nous nous rendons en taxi dans le quartier de Kissy, d’où Raadged est originaire. Le choc est assez violent : nous sommes en plein cœur d’un bidonville. Nous marchons dans les chemins défoncés où les eaux se déversent et où les enfants jouent.

Et pourtant, nous sommes accueillis comme des rois.

On nous accompagne vers une dépendance pour que nous puissions nous reposer un peu. On nous montre aussi la douche, de l’autre côté de la cour, faite d’un bac, de quelques bassines et d’une cuvette.

Il faut garder ses claquettes pour éviter les germes. Mes premiers gestes sont maladroits mais je sais que je m’habituerais vite. Il faudra aussi que j’adopte d’autres réflexes : la moustiquaire et un produit contre les moustiques (5/5) dont l’odeur aura vite fait de nous dégouter.Nous ne resterons pas dormir à Kissy pendant notre séjour. J’irais dormir avec Estelle et Geneviève, bénévoles de l’ASDES dans le centre de Freetown, dans l’appartement d’une connaissance de Raaghed.

Un pays qui ne s’arrête jamais de vivre

Partout dans les rues il y a de l’animation, du bruit, du monde. De jour comme de nuit ! Et oui, même la nuit les stands de rue restent ouverts et chacun alpague le passant avec des mégaphones ! L’horloge du quartier sonne toutes les heures. Ce ne sera pas évident de trouver le sommeil. Surtout qu’au cours de notre séjour un rat qui se promenait dans notre chambre, a trouvé refuge sous ma table de chevet. Pour dédramatiser, on lui a donné un nom : « Ernest ». Enfin, bien souvent, après une journée éreintante et chargée en émotion, je m’endormais sans demander mon reste.

Le jour lorsqu’on se promène en ville il faut être vigilant entre les taxis, les podas-podas, les véhicules, le marché : c’est l’anarchie ! C’est un concert de Klaxons, tout le temps : c’est presque une activité érigée en sport national !

Là-bas, je n’ai vu personne faire la manche. Chacun se débrouille pour vendre (de tout et de rien), pour s’en sortir. En observant les passants, je suis surpris de voir autant de filles de 16 ou 17 ans déjà enceintes.

En arrivant, en ayant peu dormi, c’était difficile d’être confronté à tant de bruit, de pollution, de chaleur et d’humidité.  C’était étrange d’être les seuls blancs de la ville, d’être d’un seul coup en minorité. Il faut s’habituer à toutes ces nouvelles donnes.

L’activité ne s’arrête jamais mais il faut quand même préciser que le rythme y est différent. Pas la peine d’arriver à l’heure à un rendez-vous ! On prend le temps de vivre.

Nous avons profité des stands de Big Shop pour aller dénicher des objets à acheter et revendre en France, pour trouver des fonds pour l’association. Il faut tout négocier longuement pour arriver à faire baisser les prix mais l’ambiance y reste chaleureuse. Quand on n’a pas l’habitude, c’est une activité qui peut vite être fatigante ! On rapportera de nos négociations des sculptures, du tissu et des vêtements  africains !

Se déplacer en Sierra Leone

C’était sportif ! On peut prendre des podas-podas, solution la plus économique. Le chauffeur crie l’endroit où il est et on descend quand on veut. Le poda-poda c’est un peu comme le métro aux heures de pointe, on est bien tous serrés les uns contre les autres.

Autre option le taxi. Certains restent un peu précaires. Une nuit, nous roulions tranquillement quand soudain un bruit s’est fait entendre : nous venions de perdre le pare-chocs et nous avions roulé dessus. Le conducteur l’a donc récupéré, mis sur le toit et il le tenait d’une main pour ne pas qu’il tombe.

Mais cette anecdote n’est rien à côté de notre arrêt nocturne musclé à un « Check-Point ». On vous le raconte juste ici!

Puis il y a le 4×4 pour rouler en cas d’inondation. Ou même la moto sur les pistes lorsque une voiture lambda ne passe pas !

La générosité et l’accueil comme Leitmotiv

Quand je repense à l’accueil qui m’a été réservé, je repense à la chanson de Tiken Jah Fakoli : « viens dans nos familles/ viens dans nos villages/ tu sauras ce qu’est l’hospitalité/ la chaleur, le sourire, la générosité/ viens voir ceux qui n’ont rien/ regarde comme ils savent donner/ Et tu repartiras riche/ et tu ne pourras pas oublier. ».

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Tout est dit, ou presque. Comment ne pas être touché par tous ces gens qui vivent avec si peu par rapport à nous. Et pourtant, ils t’accueillent en ami, sans te connaitre. Au début j’étais assez gêné par toutes ces marques d’attention mais on m’a expliqué que je ne pouvais pas refuser. Que ce serait les vexer !

Bien sûr, il y avait la barrière de la langue. Les gens parlaient à moitié anglais/à moitié créoles. D’autres parlaient juste dans leurs dialectes. Mais Raadghed et d’autres jouaient souvent les traducteurs. Ça nous a permis d’échanger et partager d’avantage! Mais on s’habitue vite à cet anglais exotique.

L’une des marques fortes de générosité ce sont les nombreux repas qui nous ont été préparé.

L’occasion de découvrir bien des plats de là-bas, toujours très épicés : poulet, poisson ;  patates douces plantain et agneau ; du riz avec de la cassave (du poisson fin avec des feuilles de Manioc) ; fufu (patate douce pilé faisant une sorte de pâte mélangée à de la viande et du poisson) ; brochettes de bœuf assaisonnées au beurre de cacahuète avec du riz concassé, patates douces frits avec du poulet (frit encore !) en sauce.

 

Le tout accompagné de Vimto, le soda local, qui nous permet de nous rafraichir un peu !

En parlant de nourriture, j’avais jamais mangé des ananas, des bananes, des mangues aussi bonnes que là-bas.

Le gout n’a rien à voir avec ce qu’on connait ici en France !

C’est vraiment chouette de pouvoir s’arrêter dans des stands de rue et se faire ouvrir des noix-de coco ou juste acheter des cacahuètes à déguster.

Les clivages sociaux

Ce qui me surprend c’est l’apparente absence de classe moyenne. Je ne vois que des extrêmes : pauvreté ou richesse.

Je m’en suis rendu compte de manière encore plus forte quand un soir nous sommes partis à bord d’un taxi vers Atlantic Beach.  On s’est rendu dans un restau/boite sur la plage, entouré de cocotiers. Les paysages sont superbes.  Mais en rentrant, je suis choqué par le clivage social. Par rapport à ce qu’on a vécu jusque-là dans ce pays, on se croit d’un coup complètement ailleurs. Je suis dégouté par toutes ces personnes habillées chic de la tête au pied, avec des vêtements de marque. Le cadre est peut être agréable mais je ne suis pas à l’aise dans cette ambiance qui me semble malsaine. Nous sommes justes à quelques pas de la pauvreté. Nous voyons les premiers blancs… coïncidence ?

Ce sentiment je l’ai ressenti une seconde fois, en étant invité dans une famille aisée. Dès l’arrivée, nous apercevons un portail énorme, gardé par 3 gardiens. Derrière ce portail une immense villa avec piscine, pelouse et bar de nuit.

La Sierra Léone, c’est un pays entre Favelas et Villas.

Moi-même, j’avais sur moi, en billet, l’équivalent d’à peu près 350 euros pour tout notre séjour. Ça représente 1.5 million de leones, la monnaie locale. C’est une sensation étrange : 350 euros c’est finalement assez peu en France, mais ça représente tellement ici.

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La fausse bonne idée : sortir sous la pluie pendant la saison des pluies

J’ai eu la « bonne » idée d’aller acheter de la nourriture sous la pluie. Ça m’a permis de savoir ce que signifie vraiment la saison des pluies. Lorsque je suis sorti, il pleuvait juste un peu. Mais la pluie s’est intensifiée en un quart de seconde. D’un coup, autour de moi les gens s’affolaient et remballaient leurs stands.

Le temps pour moi de tourner la tête et de voir l’eau glisser en torrent sur la route pour venir… me mouiller jusqu’aux mollets ! Moi qui venais de me lever et avais mes seules chaussures sèches au pied.

C’était foutu, j’étais trempé de la tête au pied.

Après l’observation on passe à l’action…

Découvrez la suite du voyage dans la Partie II.

Au programme, le chantier de l’école et la vie avec les enfants dans la quartier de Kissy.

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