Un voyage solidaire en Sierra Leone (Partie III)

plage-number-two-barques-reliefs

Se laisser surprendre

par la Sierra Leone

 

Même si nous sommes beaucoup restés à Freetown, la capitale, pour les besoins du chantier, il fallait absolument voir le reste du pays. Car la Sierra Leone c’est aussi les plages de sable blanc, la brousse, les rizières et les villages préservés…

 

Découvrir des plages magnifiques

J’ai eu la chance de découvrir de magnifiques plages lors de mon séjour en Sierra Léone. La plus mémorable reste la plage « number 2 ». Elle est difficile d’accès parce qu’il faut s’aventurer sur des pistes, et il y a des flaques immenses dont on ignore la profondeur. Il nous aura fallu 3 heures (depuis Freetown) pour y arriver. Mais ça valait le coup !

En arrivant nous sommes subjugués par son charme : c’est une plage immense de sable blanc à l’état sauvage. On voit des pirogues, des transats en bois, un petit restaurant. Les couleurs sont superbes. On mange (du BA-RA-COU-DA !) dans un bungalow sur une plage. Ça me semble être le paradis sur terre.

S’aventurer dans la brousse

Je bondis du lit : aujourd’hui nous allons en province ! J’attendais cet évènement avec beaucoup d’enthousiasme. Au début, la route était bonne mais ça a vite changé.

Nous rentrons sur des pistes après avoir passé quelques check-point. Les paysages sont magnifiques : le contraste des couleurs me saisit ! Je suis heureux de voir ça. C’est très vert : rivière, marais, rizière, palmier. On croise de magnifiques villages, des cases, des maisons ! Nous sommes dans  la brousse ! La route est en construction, on prend déviations sur déviations.

Les pistes sont impressionnantes : nous passons au milieu de flaques (qui ressemblent à des lacs !) et nous sommes obligés de descendre pour pouvoir pousser la voiture et franchir les obstacles. Nous croisons des podas-podas et des 4×4 qui vont à fond en slalomant avec parfois des gens sur le toit.

Les lieux que nous traversons sont propres et paisibles comparés à Freetown. Après 5h30 de route nous arrivons à Robat. Idris, un membre de la Fondation « Nurul » nous accompagne jusqu’à une école par des chemins difficilement praticables en voiture. C’était notre guide pour cette expédition. L’école a fière allure : elle est de plein pied et sa peinture est neuve. Un monde fou nous attend. Nous les saluons avant de visiter. Quelques réparations semblent nécessaires mais je suis impressionné par la mobilisation du village : tout le monde s’implique. Ils ont tout fait eux même, et le résultat est réussi. Le village est paisible et coloré. Le riz sèche devant les cases et les enfants jouent dans la cours. Nous leur présentons modestement les valises pleines de matériel scolaire que nous leur offrons. Ils nous invitent à manger avant de nous laisser partir : c’est pimenté (comme toujours) mais très bon !

Idris nous amène ensuite vers une autre école. La route devient de plus en plus impraticable mais les paysages valent le détour. Nous devrons continuer à moto pour mon plus grand plaisir ! Je vis un instant de rêve : faire de la moto sur une piste au milieu de la brousse avec des paysages paradisiaques. Je passe la meilleure journée du voyage, voire de ma vie.

Idris me dépose et repart chercher les autres. Je suis seul au milieu du village. Je m’assois au côté de villageois et commence à parler avec eux. Rapidement beaucoup de monde arrive surtout des femmes et des enfants. Tout d’un coup ils commencent à chanter. On m’explique que c’est un chant de bienvenue.

La puissance et la mélodie de leurs voix m’impressionnent. Des frissons parcourent mon corps, je suis très ému par cette chaleur, tout ce qu’ils m’offrent. Je prends les enfants en photos et leur montre l’écran : leurs rires couvrent même les chants ! Ce fut un moment inoubliable.

Se faire des frayeurs : tomber malade

 Au cours de mon séjour je suis sérieusement tombé malade. Peut-être quelque chose que j’avais avalée ou la combinaison de plusieurs facteurs. Toujours est-il qu’après plusieurs jours de fièvre mon état ne s’améliorait pas. Je n’arrêtais pas de vomir et je n’arrivais même pas à avaler ma salive. Raaghed a appelé un docteur, il faut me déplacer. Le problème : à chaque fois que je me lève, je vomis. J’ai toujours une forte fièvre et l’impression que ma tête va exploser. On me conduit jusqu’à une clinique. Il n’est pas du tout conseillé d’aller à l’hôpital public, sinon on risque d’y repartir plus malade que quand on est arrivé.

L’infirmière me fait une perfusion de sodium et potassium, après m’avoir prélevé du sang. J’ai du mal à dormir mais aussi à parler. Soulagement, les résultats tombent : je n’ai pas la malaria !

Après que la perfusion soit passée, nous repartons, médicaments en main mais j’ai encore du mal à marcher.  Je passe quelques jours à me reposer dans la villa de May, la sœur de Raaghed. Je la remercie pour son hospitalité. Dans d’autres conditions, ça aurait été plus dur pour moi de me remettre sur pied. Je me rends compte à quel point j’ai maigri. J’ai perdu cinq kilos en trois semaines entre la chaleur, la maladie, et les efforts physiques.

Pendant ce temps, sur les chantiers, les autres ne chôment pas. C’est tellement frustrant pour moi d’être coincé au lit, malade.  Il m’aura fallu trois jours pour que je puisse rejoindre le groupe et me remettre au travail.

Ce que cette expérience a changé en moi

Cette expérience m’aide à relativiser au quotidien. Mon retour, à Toulouse a été compliqué. J’avais l’impression de revenir dans un autre monde. J’avais déjà perdu tous mes repères. J’étais à la fois dégouté et déprimé de réaliser qu’ici tout est disponible à foison.

On a accès tellement facilement à tant de choses. Et on ne s’en rend pas compte !

J’ai énormément de respect pour les sierra leonais. Ils n’hésitent pas à aller vers les gens, à sourire et à partager même s’ils n’ont pas grand-chose.

Ça encourage à faire de même ! J’ai vécu une véritable leçon de vie dans ce pays !

Ce que cette expérience dit de lui

Rémy m’a parlé de cette expérience lorsque nous apprenions à nous connaitre. La façon dont il la racontait : avec énergie et émotion m’a tout de suite touché. J’ai immédiatement senti qu’il avait le cœur sur la main, qu’il était généreux et ouvert d’esprit. J’ai tout de suite su que je pourrais l’aimer. Je sais que je ne pourrais jamais comprendre à 100% la puissance de ce qu’il a vécu, je ne peux que l’imaginer. Ça reste son histoire à lui.

Rémy s’adapte facilement à toutes les situations : il sait garder son calme, rester positif et optimiste. Des qualités qui me font parfois défauts. Je pense qu’il avait déjà ces qualités en lui mais que cette expérience n’a fait que les renforcer. J’espère qu’on pourra vivre des choses aussi intenses, ensemble, un jour.

Tu as loupé le début de l’histoire? Pas d’affolement retrouve ici la Partie I et la Partie II !

Related posts